Le choléra est une infection intestinale contagieuse due à la bactérie Vibrio choleræ. Strictement limitée à l'espèce humaine, elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. La forme majeure classique peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l’absence de thérapie par réhydratation orale (en quelques heures à trois jours).
La contamination est orale, d’origine fécale, par la consommation de boissons ou d'aliments souillés.
Une première épidémie en provenance d'Asie frappa l'Europe en 1832, puis gagna l'Amérique. En France, elle fit d'innombrables victimes et suscita une immense émotion dans la population, à l'origine de certaines révoltes et d'œuvres littéraires comme Les Misérables (Victor Hugo), Le hussard sur le toit (Jean Giono) ou Le juif errant (Eugène Sue). Parmi les victimes les plus célèbres, on peut citer le Président du Conseil Casimir Perrier dont la mort fut à l'origine d'une tentative de renversement de la Monarchie de Juillet.
Au début du mois d’avril 1832, le préfet du Finistère écrit au maire de Quimper afin de l’inciter à prendre un arrêté pour prescrire tous les moyens utiles d’assainissement et de propreté,
notamment dans les quartiers intra-muros où s’entassent des amas considérables de fumiers.
Le 3 avril, l’évêque de Quimper promet la mise à disposition des bâtiments du grand séminaire pour servir d’hôpital pour le cas où le choléra se manifesterait dans l’enceinte de la cité
épiscopale. Le 18 avril, le baron de Las Cases adresse au maire de Quimper, depuis Paris, une instruction à distribuer aux malades cholériques sur les prescriptions médicales jugées utiles
par de nombreux médecins qui n’ont jamais été confrontés au choléra. Des consignes en français, mais aussi en breton, sont imprimées sur les moyens de lutter contre la maladie ou de s’en
prémunir.
C’est bien par la mer que le choléra arrive en Bretagne, où le premier cas est signalé à Quimper le 10 mai 1832. Il s’agit d’un certain Catel, maître de manœuvre sur la corvette Eglé de la Royale, partie de Toulon le 17 avril précédent ; il décède le 11 mai 1832. Son corps est autopsié sans aucune précaution et enseveli le lendemain matin. On dilue un peu de son sang dans de l’eau donnée à boire à des canards qui, selon les médecins, « n’en éprouvent aucun dérangement ». Le même jour, deux femmes de l’hospice présentent les symptômes de la maladie alors que le docteur de Kergaradec écrit encore « il n’y a aucune connexion entre ces deux faits et celui du matelot Catel ».
De Quimper, le choléra se répand dans le nord et l’ouest du département, à Douarnenez, puis à Brest, à Morlaix et dans les Côtes-du-Nord, à Paimpol. (Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest : https://journals.openedition.org/abpo/3727)
En mai 1832, un malade arrive par diligence à Quimper. L'homme meurt rapidement, et contamine déjà tous ses compagnons de voyage qui, eux, vagabondent librement dans la ville, avant de mourir quelques jours plus tard. En six mois, la bactérie, transmise par ingestion, aurait fait 3018 décès sur les 7375 contaminés.
D'autres épidémies de choléra suivirent dans le Monde et en Bretagne. La crasse, la surpopulation des villes portuaires et le manque d'eau potable constituent alors les principales difficultés à son éradication. L'agent infectieux se maintient durant plusieurs décennies à l'état endémique.
C'est dans ce contexte que Hervé COATANEA (29 ans) et son épouse Marie Anne SALAUN (20 ans) contractent la maladie en octobre 1869.
Originaires respectivement de Locmaria-Plouzané et de Plouzané, ils se sont mariés le 26 juillet 1862 et habitent désormais La Trinité-Plouzané.
Nos ancêtres Hervé COATANEA et Marie Anne SALAUN décèdent rapidement de la maladie le 14 octobre (Marie Anne SALAUN) puis le 2 novembre (Hervé COATANEA). Ils laissent orphelins leurs deux enfants en bas âge : Jeannie va avoir 6 ans et Jean-Marie en a seulement 3. Les deux enfants seront pris en charge et élevés par leur oncle et tante.
Le couple a laissé un boîtier à ses initiales SC (Salaün Coatanea), ainsi qu'une bague. Le contexte dramatique de leur vie trop rapidement interrompue, laissant orphelins deux enfants en bas âge, rend particulièrement précieux ces modestes biens datant des années 1860 parvenus jusqu'à nous (coll. JMR).
Les archives de la famille LE BAILL nous ont livré un texte manuscrit remontant probablement à l'époque de l'épidémie de choléra ayant entraîné la mort de Hervé COATANEA et Marie Anne SALAUN.
Un traitement y est décrit, à base d'extrait de racines de simarouba, d'aulne, de roseau odorant, de gentiane et d'angélique.
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Publication : septembre 2020