Enfance - jeunesse
Charles MORLAIS "fils" naît à Brest le 11 décembre 1891, au 1 rue de l'Harteloire où habitent alors ses parents Charles MORLAIS "père" et Pauline MASTIN avant leur déménagement rue Bruat.
A l'issue d'une enfance et d'une jeunesse brestoises, il s'engage le 20 mai 1908 comme apprenti marin volontaire au titre des Equipages de la flotte. Il a alors 17 ans.
Charles choisit la spécialité Mécanique, et se trouve nommé matelot de 2nde classe mécanicien le 1er octobre 1910.
Trois mois plus tard, le 13 janvier 1911, il embarque sur le Waldeck-Rousseau puis se trouve de nouveau à terre le 8 avril, affecté au 3ème dépôt.
Sa présence à terre ne dure pas, et dès le 1er juin de la même année il embarque sur le Danton pour une longue campagne : ça n'est que le 26 décembre 1913 qu'il rentre à Brest où il est affecté au 3ème dépôt.
On imagine l'émotion des retrouvailles familiales, après deux années et demi d'absence. Son père Charles, cuisinier à l'hôpital maritime, a 53 ans mais connaît déjà des problèmes de santé.
Sa mère Pauline a 46 ans, sa sœur Marie (notre aïeule) en a 23 et se trouve alors un peu exilée à Concarneau pour des raisons mal élucidées.
Charles et Marie ont entretenu une correspondance régulière durant la campagne en mer. Marie LE BAILL, fille de Marie MORLAIS et nièce de Charles, aimera dire plus tard que ce dernier était le frère le plus proche de sa mère.
1ere guerre mondiale
Le 2 août 1914, la France déclare la guerre à l'Allemagne et mobilise les jeunes gens en âge d'aller au conflit ; Charles est présent à la mobilisation générale.
Dès le 29 août, il est affecté au 1er régiment des canonniers marins, mais ses services sont rapidement interrompus, pour une durée allant du 6 septembre au 18 octobre : il a été mis préventivement aux arrêts et rétrogradé matelot de 3ème classe sans spécialité.
Sa famille ignore alors que cette mesure est prise en exécution d'une décision prononcée par le 1er Conseil de Guerre le 13 octobre 1914 : Charles a été condamné à deux ans de prison pour désobéissance et outrage à un supérieur en temps de guerre.
Mais l'armée a besoin de bras, et l'emprisonnement sera de courte durée. Le 18 octobre, Charles est remis en liberté et rejoint dès le lendemain le 1er régiment de canonniers marins, 59ème division d'infanterie de Marine.
L'année 1915 confirme l'attitude de Charles à l'encontre de ses supérieurs.
Notre grand-oncle est de nouveau suspendu le 27 juin de cette année pour désobéissance, dans l'attente d'une nouvelle décision du Conseil de Guerre de la 59ème division siégeant à Custines (Meurthe-et-Moselle).
Celui-ci se réunit le 9 juillet 1915 et prononce à l'encontre de Charles une lourde peine pour de nombreux faits graves dont il doit répondre. Il ne paraît pas opportun d'exposer ici le détail de ces faits.
Charles est emprisonné durant deux mois, puis est conduit à l'atelier des travaux publics d'Orléansville (actuellement Chlef, Algérie) où il est prévu qu'il reste 5 ans.
Sa peine est toutefois suspendue le 25 mai 1916, date à laquelle il est dirigé sur le dépôt du régiment d'infanterie coloniale de Toulon par décision du Général commandant la 59ème division.
Le 16 juin 1916, il est mis en liberté et affecté au dépôt du 4ème RIC à Toulon, soldat de 2ème classe ledit jour.
Charles part à l'Armée d'Orient le 7 juillet, puis passe le 21 juillet au 1er Régiment d'Infanterie Coloniale (8ème puis 11ème compagnie).
Il tombe malade et fait l'objet d'une évacuation le 23 septembre. Rentré en France le 6 novembre, il est admis le lendemain à l'hôpital n°8 de Brest, situé dans les locaux du petit lycée. On diagnostique alors le paludisme et une anémie profonde.
Charles ne présente pas une santé suffisante pour repartir au combat. Le 9 décembre, il est classé en service auxiliaire puis rentre au dépôt du 1er RIC le le 22 du même mois afin d'être disponible aux éventuels besoins de l'armée.
En 1917, Charles poursuit son attitude constamment hostile à sa hiérarchie.
Impropre au combat en raison de sa santé devenue précaire, il est dirigé le 21 janvier sur le dépôt des métallurgistes de Paris, 19 rue d'Estrées, puis détaché à l'usine Schneider de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Cette mesure devait prendre effet jusqu'au 30 novembre 1917. Las ! Charles se trouve condamné le 24 août par la Cour d'Appel de Dijon à 4 mois de prison et 500 Fr d'amende pour vol et ivresse.
On devine ce qui a pu se passer, lorsque l'on apprend que le 1er décembre il est relevé d'usine, conduit au dépôt du 29ème Régiment d'Infanterie et rayé de la liste des métallurgistes, avec ordre qu'il ne soit pas affecté à un établissement travaillant pour la défense nationale.
La loi du 24 octobre 1917 va amnistier les sanctions imposées à Charles, qui est classé en service armé le 5 décembre par la Commission spéciale de Réforme d'Autun puis dirigé le 14 décembre sur le 9ème bataillon du 172ème RI, 34ème Compagnie.
Le 6 février 1918, il passe au 12ème bataillon du 9ème régiment de tirailleurs, puis le 12 mai au 14ème bataillon du 4ème Tirailleurs et enfin le 3 août au 8ème régiment de marche des Tirailleurs.
C'est alors qu'il se marie le 10 août à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) avec Pauline DEMEUZOY.
Le 27 septembre 1918, probablement en raison de blessures ou d'incapacité, il est évacué sur l'intérieur, c'est-à-dire en réserve éventuelle.
L'année 1919 annonce la fin de la guerre après l'armistice du 11 novembre 1918 : Charles est démobilisé le 20 août et rayé des contrôles.
Le 4 novembre, il est envoyé en congé illimité de démobilisation, et se retire à Brest, 5 rue Bruat, au nouveau domicile de ses parents.
Entre-deux-guerres
S'il s'est vraiment rendu chez ses parents, ce fut assurément une visite de courte durée quand on sait que, deux semaines plus tard, Charles est déjà reparti dans la vallée du Rhône.
Il est probable qu'il a pu revoir sa sœur Marie, mariée depuis 1917 à François LE BAILL, et peut-être même sa nièce Marie LE BAILL qui a alors 18 mois.
Mais ce fut sans doute leur dernière rencontre : Marie MORLAIS ne revit jamais son frère, même vingt ans plus tard quand le hasard des chemins personnels les conduira tous les deux à habiter à Paris, à quelques kilomètres seulement l'un de l'autre.
Marie a-t-elle appris et désapprouvé vivement l'attitude de son frère durant la guerre, et rompu toute relation avec lui ? Charles a-t-il décidé de couper définitivement ses attaches brestoises ?
Il apparaît clairement que Charles qui a alors 28 ans "vit sa vie" : il est marié (même s'il est "malheureux en ménage" pour reprendre la formule de sa nièce Marie LE BAILL).
Il n'a toutefois pas rompu tous ses liens familiaux : Charles habitera quelques temps chez sa sœur Andrée à Deauville et sera invité par son frère Paul MORLAIS vers 1946 à Brest au mariage de sa fille Paulette.
Mariage de Yves ROSMORDUC et Paulette MORLAIS (vers 1946).
1 : Yves ROSMORDUC ; 2 : Paulette MORLAIS ; 3 : Paul MORLAIS, père de Paulette et frère de Marie MORLAIS ; 4 : Charles MORLAIS, frère de Paul et de Marie.
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Charles change de domicile. Le 19 novembre 1919 il habite à St-Jean-des-Vignes (Rhône), chemin de Rochefort. Le 22 janvier 1924, il élit domicile à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), 11 rue St-Georges.
Le 24 décembre 1925, il est condamné à Chalon-sur-Saône à 1 mois de prison pour divers délits.
A la fin des années 1920, Charles quitte la région de Chalon et se rend en Normandie où habite sa sœur Andrée.
Le 16 avril 1929, il habite à St-Aubin-sur-Mer (Calvados), 137 rue Mal Foch mais n'y reste pas.
Il se marie le 18 juillet 1931 à Vaucresson (Seine-et-Oise) avec Marcelle JOSEPH.
Le couple vient habiter à Deauville (Calvados) en 1933, 25 rue du Bac, chez sa sœur Andrée et son beau-frère Emile VALLEE.
Le 11 mars 1936, Charles habite à Rueil (Seine-et-Oise), 32 rue Henri Regnault, puis le 11 octobre 1938 à Neuilly-Plaisance (Seine-et-Oise), 22 bis rue du Pré de l'Arche.
Il est, entre temps, libéré de toutes ses obligations militaires et travaille comme ouvrier électromécanicien aux usines Renault de Boulogne-Billancourt.
Sans le savoir, il habite alors à quelques kilomètres de sa sœur Marie qui a quitté Brest pour Paris avec son mari François LE BAILL et sa fille Marie afin que celle-ci puisse poursuivre ses études supérieures.
2nde guerre mondiale
Charles MORLAIS semble avoir pris part à des actions conduites par les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), mouvement créé en février 1944 par la fusion de plusieurs réseaux de résistance armée contre l'occupant.
Le jour même de la libération de Paris le 25 août 1944, il demande la prise en compte des services qu'il aurait été effectués dans les FFI comme 2ème classe au titre de la Compagnie 207/22.
Ces services déclarés ne sont hélas pas confirmés par un certificat d'appartenance aux FFI et ne sont pas validés.
Le 26 août 1944, Charles est blessé lors d'un accident de la rue alors qu'il est en service commandé. Il souffre d'une fracture externe supérieure de l'humérus droit et est admis à l'hôpital militaire Bégin à St-Mandé.
Il est transféré le 27 septembre à l'hôpital militaire Percy à Clamart où il poursuit ses soins et sa convalescence jusqu'au 11 avril 1945.
A cette date, il est dégagé de toutes obligations militaires et bénéficie d'une pension temporaire de 45% octroyée par la commission de réforme de Paris pour fracture diaphysaire de l'humérus droit, ankylose et poussières métalliques dans le deltoïde.
Le 12 avril 1945, Charles est renvoyé dans ses foyers.
Après la guerre
Charles bénéficie le 22 juillet 1946 d'une pension définitive de 45% pour reliquats de fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus, qui compense partiellement ses difficultés à travailler.
Il se marie une troisième fois en épousant Julienne DELAUNAY le 1er mars 1947 à Neuilly-Plaisance.
Le couple habite 83 rue Edgar Quinet à Neuilly-Plaisance en 1957. C'est là que Charles décède le 25 mars de la même année.
Charles MORLAIS laisse une veuve et sept enfants issus de ses différents mariages : Madeleine (dite Mado), Emile, Paul, Charles, Andrée, Simone et René.
Ses enfants vivent ou ont vécu en région parisienne, et ont eu à leur tour plusieurs enfants et petits-enfants.
Mise en ligne : janvier 2023