Carnet de campagne dans les mers de Chine et du Japon - 3/4 : de Ceylan à Nagasaki

De Ceylan vers Singapour et Saïgon.

 

Nous avons eu une très belle traversée et le 13 nous sommes arrivés à Singapour à six heures du soir où nous avons amarré au quai pour faire des vivres et du charbon.

On a envoyé les quartiers à terre pour se promener. Je ne suis pas été [faute fréquente, probablement  par bretonnisme : "n'on ket bet"], cependant le pays offre un beau coup d'œil. On dirait une immense campagne pleine de verdure par les arbres remplis de feuilles vertes et chargés de fruits.

 

Nous avons appareillé le 16 [mars 1874] à 6 heures du matin pour aller en rade et rendre de salut national qui a été de 21 coups de canon.

 

Sitôt après nous avons appareillé pour Saïgon, et c'est là que l'apprenti marin se trouve blessé au pied gauche c'est-à-dire que je fus blessé au pied par une barre de fer qui est tombée debout sur mon pied. Il m'a fallu rentrer à l'hôpital de suite. J'ai fait cinq jours à bord c'est-à-dire jusqu'à Saïgon ou j'ai rentré à l'hôpital à terre le 22 mars, où j'ai fait 14 jours et j'ai sorti avec mon pied à moitié guéri car nous devions partir. Enfin, oublions cette blessure accidentelle qui n'est plus rien et revenons au cours de notre récit.

 

À 9 heures et demi nous avons appareillé de nouveau pour nous rendre à Saïgon dans la nuit du 17 au 18. La mer avait beaucoup grossi et le tangage était un peu fort. Le matin du 18 il avait pourtant beaucoup diminué mais c'était pour recommencer de plus belle parce que pendant la journée du 18 au 19 la mer était plus grosse que nous nous ne l'avions vu depuis le golfe de Gascogne.

 

Dans la journée du 19 nous avons vu une terre qui s'appelle Polocondor [Poulo Condor, où se trouvait alors un bagne de sinistre mémoire]. C'est une île pour les forçats chinois. Cette île est tout près du Cap Saint-Jacques à l'entrée de la rivière de Saïgon. Par le fait le lendemain vers 3 heures et demi nous mouillions dans la baie du Cap Saint-Jacques où nous avons resté jusqu'au jusqu'à 10 heures du matin. Là, nous avons appareillé pour remonter la rivière et nous rendre à Saïgon où nous sommes arrivés vers 4 heures et demi de l'après-midi.

 

Rien de plus joli que la navigation que nous avons faite cette journée : voir les deux bords de la rivière, des arbres de toutes sortes aussi verts que si c'était le printemps en France. Ça me rappelait la Seine entre Paris et Le Havre.

 

 

Escale à Saïgon.

 

Le 20 mars nous sommes arrivés à Saïgon. En arrivant sur la rade de Saïgon, nous avons trouvé le transport la Creuse, l'aviso le Destrée et l'Antilope et plusieurs autres bâtiments. Le lendemain 21, le Décrès est arrivé sur la rade. Tous ces navires ont été mis à la disposition de l'amiral.

 

Nous avons resté plusieurs jours sur cette rade de Saïgon. Pendant cet espace de temps nous avons été martyrisés par la chaleur. Tous les équipages ont descendu à terre pour se promener mais moi, pauvre boiteux, j'étais couché sur un lit à l'hôpital où j'ai rentré bien-portant et d'où j'ai sorti bien malade.

 

Le 5 avril, jour de Pâques, est arrivé le courrier. Le 6 avril nous avons embarqué le corps d'un ambassadeur chinois qui était décédé à Saïgon et qui avant de mourir avait fait vœu que les cendres reposeraient dans son pays natal. Ce corps était embaumé et mis dans une chasse [cercueil] en plomb.

Toute la garnison, toute chinoise et française, était sous les armes et le corps était porté par huit Chinois et aussitôt que le corps a été embarqué nous avons appareillé de nouveau.

 

 

De Saïgon à Tourane.

 

Il était 10 heures du matin pour nous mettre en route pour Tourane (Tonkin). Nous avons descendu la rivière et à six heures du soir nous étions au Cap Saint-Jacques, c'est-à-dire en mer ou la brise était plus fraîche, ça nous faisait du bien depuis le temps que nous en étions privés.

Cette brise à un peu ranimé le sang car tout le monde la respirait à pleins poumons, mais bientôt à cette brise succéda une mer grosse et un peu de tangage. Il embarquait même de l'eau par devant.

 

Le lendemain 7 [avril 1874] l'état de la mer était meilleur et elle s'est maintenue dans cet état jusqu'à Tourane où nous sommes arrivés le 9 avril à cinq heures du soir. Nous y avons trouvé le Décrès qui était parti de Saïgon trois ou quatre jours avant nous.

Le lendemain nous avons appareillé à 6 heures et demi du matin pour aller au Cap Chonuay pour déposer le défunt ambassadeur.

 

Quand nous sommes arrivés à l'entrée de la baie nous avons aperçu une jonque chinoise, c'est-à-dire un pirate. Alors nous avons arrêté et mis deux embarcations à la mer pour aller la visiter. Dans la quille se trouvaient des armes de toutes espèces. La nuit précédente ils avaient pillé un village et probablement assassiné une partie de ses habitants. En plus, ils venaient de voler une autre jonque, seulement ils n'avaient tué personne et ils n'avaient que quelques prisonniers.

L'officier envoyé à bord pour la visiter l'a fait saisir et conduire les hommes à notre bord.

 

Ensuite nous avons été dans le fond de la baie pour débarquer l'ambassadeur, et l'équipage d'une autre jonque sont venus à notre bord pour justifier qu'ils n'étaient pas pirates car ces parages en sont remplis.

Ces pirates ont poussé l'audace jusqu'à attaquer le Bourayne, aviso à vapeur français qui était en station et qui s'est trouvé plusieurs fois gêné mais Messieurs les pirates l'ont payé rudement cher car le commandant du Bourayne en a fait pendre une trentaine.

Mais le Montcalm était autre chose, ils n'ont pas osé l'attaquer.

 

Les habitants de ce village qui sont venus à bord ont bien reconnu dans ces derniers les hommes qui les  avaient volés. Alors notre commandant à livré les pirates à ces gens-là, il n'a pas voulu les prendre à notre bord et je ne doute pas qu'ils auront passé un vilain quart d'heure entre les mains des habitants du pays car ils ont été liés pieds et poings et sans pitié je vous l'assure, car il fallait voir avec quelle rage ils les ont garrotés et jetés comme des moutons à fond de cale, dans un trou d'un mètre carré à peu près, et arrimés l'un sur l'autre d'une manière assez gênante car avant de quitter le long de notre bord, il y en avait trois qui avaient cessé de vivre. Pensez, un mètre carré pour 15 hommes sur 3 mètres de hauteur, ceux qui se trouvaient en-dessous [ne] pouvaient respirer.

 

Nous avons pris les armes, quelques sapèques [monnaie chinoise en vigueur] et quelques sacs de riz. Le commandant a donné l'ordre ensuite à ceux qui avaient été volés de s'emparer du reste des marchandises, ce qui a été fait promptement par les habitants du village. Ensuite, le commandant aurait bien voulu faire cadeau de la jonque volée à ces habitants, mais sur l'avis d'un ambassadeur chinois il a fait mettre le feu car l'ambassadeur disait que les volés étaient tout aussi voleurs, comme les pilleurs, et que leur faire cadeau de la jonque, ils auraient été pirates le lendemain.

 

Aussitôt que le feu a été allumé, nous avons quitté cette rade pour nous rendre à Tourane où nous sommes arrivés à 8 heures du soir.

 

 

De Tourane à Hong-Kong.

 

Le dimanche 12, nous avons appareillé pour nous rendre à Hong-Kong (colonie anglaise). Quelques heures après l'appareillage, il est mort un nommé Le Brunot, quartier-maître de timonerie. Le soir de la même journée, nous avons mouillé dans un endroit qui s'appelle Cap Lay (Tonkin).

Le lendemain 13, nous avons appareillé pour continuer notre route où nous avons aperçu l'aviso le Destrées. Nous lui avons signalé de faire la même route que nous, mais nous avons perdu le Destrées dans la même journée par suite d'une poursuite qu'il a faite à une jonque chinoise. Nous ne l'avons revu que le lendemain au soir, c'est-à-dire le 14.

 

Ainsi donc le 13, on a dit une messe pour le défunt et on l'a jeté à la mer à 7 heures du matin. Il a été bien regretté à bord de tout le monde car c'était un bon camarade.

 

Le soir de la même journée, nous avons mouillé dans une baie qui s'appelle Jazgoa avec le Destrées où nous avons restés jusqu'au lendemain 14 à 7 heures et demi, où nous avons appareillé pour Hong-Kong ainsi que le Destrées.

 

Le temps était très beau avec un peu de houle. C'est dans ces parages que les chaleurs ont commencé à diminuer chaque jour. Le lendemain 15, on a aperçu une terre dont je ne sais pas le nom, et le 16 une autre.

Le temps était toujours beau, mais le lendemain 17 le temps était bien changé car le navire a été couvert d'eau toute la journée. Le même soir 17 nous avons mouillé en pleine mer pour espérer le jour.

 

Le lendemain matin 18 nous avons appareillé pour Hong Kong où les saluts d'usage ont eu lieu entre les nations.

 

Dans ce pays les œufs sont très bon marché, ainsi que le poisson. Les habitants ont un goût particulier pour la peinture. La ville de Hong-Kong est très jolie et très propre et tout à fait resplendissante par l'attitude des fraîches campagnes qui l'entourent.

 

Le 2 mai et nous avons débarqué 15 malades pour entrer en France. Ils ont pris passage à bord du courrier pour aller à Saïgon, où ils doivent rester en espérant le transport qui les enverra en France. Le 2 mai le Destrée est arrivé et a mouillé tout à côté de nous à Hong-Kong. Nous avons fait des vivres et du charbon.

 

 

De Hong-Kong à Shanghaï.

 

Le 5 [mai 1874] on a allumé les feux à neuf heures du matin et on a appareillé à 3 heures et à 3 heures et demi nous étions en route par assez beau temps, mais temps humide.

 

Dès la nuit du 5 au 6, l'eau tombait par torrents. Le lendemain 6, la pluie n'a pas cessé toute la journée et la mer était grosse. Le vendredi 7 la mer était de plus en plus grosse et les lames inondaient le pont à chaque instant, mais le plus fort que nous ayons reçu depuis notre départ de France a été vers 2 heures et demi de l'après-midi du 6 mai. Les pavois de tribord devant ont été démolis presque tous. Le mauvais temps a continué jusqu'au dimanche 10 dans la matinée quoiqu'il embarquait encore un peu d'eau sur le pont car la mer restait assez grosse.

 

Le lendemain 11 nous avons approché la terre et le soir nous avons mouillé à l'entrée de la rivière de Shanghaï en espérant la marée.

 

Le lendemain matin à 9 heures et demi, nous avons commencé à monter la rivière jusqu'au soir que nous avons mouillé de nouveau pour passer la nuit, et le lendemain matin à 5 heures nous [nous] sommes mis en route et à 6 heures nous étions mouillé sur la rade de Husson à 5 lieues de Shanghai.

 

Le courrier est arrivé le 12. Husson est un endroit très agréable à la vue. Les plaines des deux côtés de la rivière s'étendent à perte de vue et [sont] toutes remplies de blé.

 

Le 14, jour de l'Ascension, le transport la Rance est arrivé en rade ainsi que le Destrées à 11 heures moins 10 minutes.

Il est mort un canonnier nommé Corvès et le lendemain matin on a dit la messe des morts où tout l'équipage y ont assisté ou du moins presque tous. Dans l'après-midi vers quatre heures a eu lieu l'inhumation du défunt qui était mort depuis la veille au soir. Aussitôt dont l'a débarqué et conduit dans sa dernière demeure, le cimetière catholique d'Husson. On a ensuite placé une croix sur sa tombe.

 

 

De Shanghaï à Nagasaki.

 

Après un séjour assez long à Husson, c'est-à-dire du 11 aux 23 mai, nous avons appareillé pour nous rendre à Nagasaki. Mais le soir vers 4 heures et demi nous avons mouillé comme nous n'étions pas assez de bonne heure pour prendre la mer.

 

Le lendemain à 5 heures du matin nous avons appareillé pour sortir de la rivière. Dimanche de la Pentecôte 24 mai vers huit heures du soir nous avons mouillé à cause de la brume épaisse qui nous empêchait de continuer notre route le long de la côte, ce qui était trop dangereux dans ces parages tout près de la terre. Lorsque la brume a disparu, on a appareillé de nouveau et mis en route en suivant la côte. Puis nous avons perdu la terre de vue pendant toute la journée du 25 mai.

 

Nous avons aperçu la terre le lendemain 26 vers 3 heures et demi du matin. Nous avions un temps magnifique et une belle mer. Vers neuf heures du matin, nous étions tous très de terre et nous voyions les blés dans les champs. Rien de plus joli à voir que tous ces champs cultivés et remplis d'arbres fruitiers.

 

C'est alors vers 4 heures et demi que nous avons mouillé sur la rade de Nagasaki. Cette rade est tout entourée de montagnes qui sont toutes couvertes de champs de blé si loin que de l'œil pouvait découvrir. On voyait de sur la rade les Japonais couper et ramasser leurs récoltes qui paraissaient très belles. Tout cela nous rappelait la France dans le mois d'août.

 

 

De Nagasaki à Kobé par la mer intérieure.

 

Le 28 [mai 1874] nous devions partir à 11 heures du soir, mais comme la pluie tombait en abondance et produisait un brouillard épais qui a duré jusqu'au lendemain 29 mai dans la nuit, nous avons mis en route le samedi 30 à 2 heures de l'après-midi pour par un très beau temps et qui s'est maintenu jusqu'à Kobé.

 

Le lendemain nous avons rentré dans les mers intérieures du Japon. Nous avons marché toute la journée du 31 mai entre des montagnes, car ces mers sont semées d'îles très hautes et toutes bien cultivées.

 

Vers huit heures du soir nous avons sorti de ces montagnes et cependant nous avions la terre à tribord et bâbord. Dans ces parages, il n'y avait une fourmilière de bateaux pêcheurs. Pendant toute la nuit il a fallu faire sonner le clairon pour les bateaux. Quand le jour est venu, nous avons vu plusieurs villages sur le bord de la mer puis enfin, vers six heures du soir, nous avons aperçu la ville de Kobé et le lendemain 1er [juin 1874] nous y avons mouillé.

 

La ville de Kobé est très étendue au pied d'une belle montagne. Elle est très belle, on remarque de beaux établissements. Nous avons passé une nuit et le lendemain 2 à 5 heures du soir [...] et à six heures nous partions par beau temps et le long de la côte les feux pour partir car nous avions hâte d'arriver à la station qui depuis cinq mois nous marchions pour la y arriver.

 

 

De Kobé à Yokohama.

 

Et comme la nuit du 31 mai, il fallait veiller aux bateaux pêcheurs qui sillonnaient ces mers. Nous avons eu toujours beau temps. Le lendemain matin nous avions perdu la terre de vue. Vous vous de l'avons pas vu [de] toute la journée.

 

Vers 11 heures ou minuit avons aperçûmes plusieurs feux de bateaux pêcheurs et à 2 heures du matin on apercevait une chaîne de montagnes par bâbord et au loin une autre terre par tribord et, parmi toutes ces montagnes par bâbord, on apercevait un pic ou montagne. Le pic de cette montagne est couvert de neige. La hauteur de cette montagne est d'environ 4000 m au-dessus du niveau de la mer. Elle s'appelle Fusiyama [Fuji-Yama]. Cette montagne est un ancien volcan, mais à présent elle est éteinte depuis plusieurs années.

Quand on a aperçu cette montagne, nous étions d'après les calculs du bord à 36 lieues [env. 145 km] et nous l'apercevions très clairement. Et l'on peut croire qu'on peut la voir par un temps clair à une distance de plus de 45 lieues [env. 180 km].

 

Nous marchions toujours à la vitesse de 9 nœuds et demi en suivant la côte et passant près [...] du côté du tribord tout l'équipage était sur le pont pour voir le Yokohama tant désiré et nous marchions toujours sans l'apercevoir.

Enfin, vers 9 heures et demi du matin nous avons aperçu dans le lointain des navires européens mouillés sur la rade de Yokohama et à 11 heures du matin le 4 juin nous avons mouillé sur la rade où se trouvait le Bourayne qui devait [r]entrer en France quelques jours après. Les saluts d'usage ont eu lieu entre les nations.

 

Le lendemain on a commencé le nettoyage du bâtiment dans l'intérieur et l'extérieur. Le 6 juin le Bourayne  quittait la rade pour se rendre en France et être désarmé à Rochefort. Nous l'avons salué par les cris de "Hourra". Cet équipage était tout joyeux de rentrer en France car ils étaient malheureux à bord. Anglais et Américains et tous les bâtiments de guerre qui se trouvaient sur la rade ont témoigné des marques de joie au Bourayne.

À son départ le lendemain 7, dimanche jour de la Fête-Dieu, on a dit la messe où plusieurs de l'équipage y ont assisté.

 

Dans la nuit du 8 au 9 [juin 1874], le courrier français est arrivé.  Le 16 juin on a ramassé les lettres pour la France. J'ai écrit par le courrier qui est parti le 17.

Le samedi 20 juin, tous les navires de guerre présents sur la rade ont pavoisé à [en] l'honneur de l'événement [avènement] au trône d'Angleterre de la reine Victoria en 1830 [en réalité 1837].

 

Rien de remarquable depuis le 20 juin jusqu'au 4 juillet où tous les bâtiments ont de nouveau pavoisé à [en] l'honneur de l'anniversaire de l'indépendance américaine.

 

Appareillé le 18 juillet pour aller à Yokosuka qui est à peu de distance de Yokohama, pour faire le tir au canon, où nous sommes arrivés le même jour.

 

Le 22 nous avons appareillé pour revenir à Yokohama où nous sommes arrivés le même jour. Il n'y a que trois heures de marche.

 

Yokohama est le port militaire du Japon. Il y a un arsenal qui est assez joli et les ouvriers sont pour la plupart tous français.

 

 

De Yokohama à Nagasaki.

 

Nous avons resté sur cette rade depuis le 22 jusqu'au 29 juillet où nous avons appareillé de nouveau à 9 heures du matin pour Kobé, où nous sommes arrivés le 31 juillet à 6 heures du matin par un temps très beau.

 

Le 1er août nous avons voulu partir de Kobe pour Nagasaki, mais le temps ne nous permettait pas de sortir car le vent était très fort et il nous a fallu espérer jusqu'aux 3 août, jour où nous sommes partis à 8 heures du matin par un assez beau temps mais vers 10 heures du matin la brise avait beaucoup fraîchi et une pluie torrentielle nous inondait sur le pont jusqu'à 2 heures de l'après-midi.

 

Le temps était devenu beau et la mer très belle. Nous avons continué notre route toute la journée jusqu'à 9 heures du soir et là nous avons mouillé pour passer la nuit du 3 au 4, et à 1 heure du matin nous avons appareillé de nouveau pour continuer notre route à travers la mer intérieure, c'est-à-dire les îles de la mer intérieure. C'est toutes des îles [qui] sont  cultivées avec art, c'est le plus beau pays que j'ai vu au monde. C'est à ne pas y croire comment ces montagnes sont labourées.

 

Toute la journée du 4 [août 1874], nous avons fait route par un très beau temps est une belle brise de vent derrière. Nous filions 11 nœuds c'est-à-dire 4 lieues moins un quart à l'heure.

Le soir de la même journée à 9 heures et demi, on a encore mouillé pour passer la nuit non loin d'une grande ville, Simonagasaki. Cette ville sur le bord de la mer est d'une très grande étendue, elle a au moins une ou deux lieues [4 ou 8 km] de long et elle paraît très jolie.

Nous avons passé à peu près à 100 m du quai où nous avons un passé la nuit, c'est-à-dire de 5 heures du soir à une 1 heure du matin, où nous avons appareillé pour Nagasaki où nous sommes arrivés le 5 à 6 h 15 le même jour.

 

La traversée a été très belle. Aussitôt après avoir mouillé il a fallu lever l'ancre de nouveau car nous étions mouillé trop près d'un autre bâtiment.

Le lendemain 6, on a commencé le charbon et dans ce pays ce sont les femmes qui travaillent à l'embarquement à bord des bâtiments. J'ai aussi remarqué que les femmes sont généralement petites et, dans la quantité, quelques unes de jolies c'est-à-dire passables. Nous avons fait du charbon pendant 2 jours, le 6 et le 7, et nous devions partir de suite mais le mauvais temps dont on a empêché pendant deux jours c'est-à-dire le 8 et le 9.

 

 

Aller-retour de Nagasaki à Tché-Fou.

 

Enfin le 10 [août 1874] à 8 heures et quart du matin, nous avons appareillé pour Tchéfou [Tché-Fou, aujourd'hui Yantaï, province du Shandong] (Chine) où nous [sommes] arrivés le 13 à six heures du matin, où nous sommes restés jusqu'au 1er septembre, jour où nous nous partîmes à 9 heures du matin par un très beau temps est une belle brise de vent derrière pour revenir de nouveau à Nagasaki où nous sommes arrivés le 3 à 11 heures et quart du matin.

 

L'entrée de Nagasaki est très étroite, et j'ai pu remarquer que le coup de typhon avait fait beaucoup de dégâts dans le pays, car sur le bord de la mer lles arbres étaient déplantés et les toits des maisons avaient partis avec le vent, et plusieurs navires à la côte dans le port de Nagasaki.

 

 

De Nagasaki à Yokohama.

 

Le 4 [septembre 1874], nous avons fait du charbon pour être prêts à partir au premier moment. Partis le 7 de Nagasaki à 1 heure de l'après-midi pour Kobé par la mer intérieure où nous sommes entrés le 10 à 9 heures du matin. Partis le même jour à 7 heures du soir pour Yokohama où nous sommes arrivés le 12 à 1 heure de l'après-midi.

 

Le 3 août, on eût pavoisé pour l'anniversaire de l'empereur du Japon [Mutusuhito qui régna de 1867 à 1912] qui rentre dans sa vingtième année.

 

 

Retour à Nagasaki.

 

Depuis cette époque, nous n'avons eu rien de remarquable, que le service ordinaire de la rade jusqu'au 8 novembre, jour où nous sommes sortis à 6 heures du matin pour nous rendre à Kobé où nous [sommes] arrivés le 9 à 11 heures du soir.

Partis le 11 novembre à 6 heures du matin pour Nagasaki par la mer intérieure, où nous sommes arrivés le 14 décembre [plus probablement le 14 novembre, compte tenu du temps de déplacement et des repères chronologiques suivants] à 10 heures du matin. Le temps ne nous a pas été très favorable dans la mer intérieure.

 

Le 15, nous avons commencé le charbon et fini le 17 dans l'après-midi. Aussitôt nous avons appareillé et à 5 heures nous étions en route pour Saïgon.

 

 

Mise en ligne : juin 2021

(c) Jean-Marie Renault, 2008-2024

Reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.