Introduction
par Jean-Marie Renault
Louis JEAN a consigné dans un carnet manuscrit le parcours de sa campagne qui l'a conduit, de janvier 1874 à mai 1876, à travers les mers de Chine et du Japon à bord de la corvette cuirassée Montcalm.
Un manuscrit sauvé in extremis.
Le récit manuscrit de Louis JEAN qui suit et dont on voit l'aspect extérieur ci-dessus a été retrouvé et sauvé quelques jours avant sa destruction prévue.
Son existence était inconnue jusque vers 1999, époque à laquelle je découvris par hasard que la sépulture de Reine VITEL, femme de Louis JEAN, et de leurs enfants CREHALET, située à St-Brieuc, faisait l'objet de soins réguliers.
Surpris par l'existence de personnes inconnues qui montraient un attachement visible à la famille CREHALET, je découvris après recherche qu'il s'agissait de membres de la famille de Mathilde PRELAT, veuve de Jean CREHALET, petit-fils de Louis JEAN et de Reine VITEL.
Mes contacts avec ces personnes habitant à quelques kilomètres seulement de mon domicile m'apprirent qu'elles possédaient de nombreux documents, manuscrits, photographies et cartes postales ayant appartenu à la famille CREHALET et provenant du grenier de leur maison briochine, retrouvés et évacués lors de la vente du domicile de Jean CREHALET et de Mathilde PRELAT au moment du décès de cette dernière en 1988.
Ces personnes m'alertèrent sur l'existence de ces pièces, mais aussi sur leur intention de les détruire très prochainement car elles ne trouvaient nul besoin de conserver les archives de personnes qu'elles n'avaient pas connues et qui n'étaient pas de leur famille. Elles ignoraient tout de l'existence de Louis JEAN, au point de l'appeler Jean-Louis.
Deux jours après, l'ensemble se trouvait en sécurité à mon domicile et sauvé d'une destruction certaine.
C'est ainsi que le cahier de Louis JEAN, écrit à bord du Montcalm entre 1874 et 1877, après avoir été conservé dans un premier temps dans le grenier de sa maison de Liscorno à Lannebert à l'abri des rongeurs et de l'humidité, puis à St-Brieuc dans le grenier de sa fille Louise CREHALET après la vente de la maison de Liscorno en 1921, puis dans la maison de son petit-fils Jean CREHALET et de sa femme Mathilde PRELAT jusqu'en 1988 et enfin au domicile de St-Evarzec de personnes qui n'en mesuraient sans doute pas l'intérêt et qui s'apprêtaient à le détruire, fût sauvé lorsque mon intuition me porta à visiter sans raison consciente le cimetière St-Michel de St-Brieuc en 1999.
Conservé depuis cette date, ce manuscrit fait en 2021 l'objet d'une retranscription numérique afin de pouvoir le porter à la connaissance des celles et ceux qui trouveront un intérêt à sa lecture.
Note sur la retranscription du texte original.
Le texte de Louis JEAN n'a fait l'objet d'aucune modification particulière afin d'en conserver l'authenticité.
Seule la ponctuation, particulièrement absente du manuscrit, a été enrichie pour en faciliter la lecture. Quelques mots manquants ont été ajoutés.
Si quelques fautes d'orthographe ont été corrigées et certains oublis comblés, les approximations grammaticales, qui pourraient être qualifiées de fautes de grammaire, ont été volontairement conservées car elles permettent d'établir un lien probable avec la langue parlée. Dans quelques cas, elles trahissent peut-être la syntaxe du breton, langue maternelle de l'auteur.
Les noms de lieu ont été conservés, mais souvent complétés par les appellations actuelles.
Les notes entre crochets, qui permettent d'expliciter un passage, ne sont pas de l'auteur.
Les sous-titres ne sont pas de l'auteur. Ils ont été ajoutés lors de la retranscription du texte original pour mieux repérer la progression géographique du récit.
Le récit est proposé ici en plusieurs parties (voir onglets ci-contre à gauche).
REMARQUE : une version PDF téléchargeable de 29 pages est disponible et peut être communiquée sur simple demande.
Note sur le Montcalm.
Le Montcalm est une corvette cuirassée de la classe Alma mise à l'eau à l'arsenal de Rochefort en 1868. Après ses premières missions, le bâtiment est mis en réserve à Cherbourg où il est réarmé en janvier 1874 pour effectuer la campagne qui constitue le cadre de ce récit.
La propulsion hybride du navire est assurée par une voilure de 1 450 m² ainsi que par une hélice mue par une machine à trois cylindres alimentée au charbon et développant 1 800 ch. On découvre dans le récit que la question de l'approvisionnement en charbon tient une place centrale dans la vie du bateau et de son équipage.
La structure est en bois, protégée par un blindage d'acier. Long de 68 mètres et présentant un tirant d'eau de 6,66 m, déplaçant 3 900 tonnes, le Montcalm peut atteindre près de 12 nœuds à pleine puissance.
Il est pourvu de quatre canons de 120 mm et de six canons de 190 mm, dont le fonctionnement est assuré par les canonniers et maîtres canonniers dont Louis JEAN fait partie.
Le Montcalm sera définitivement désarmé en 1891. D'autres navires militaires porteront de nouveau son nom.
La photo ci-dessous montre l'Atalante, sœur jumelle du Montcalm dont elle partage toutes les caractéristiques.
Mise en ligne : juin 2021