Nous nous rendons aujourd'hui au pays de mes ancêtres du Léon, la famille LE BAILL et ses nombreuses branches cousines et ascendantes.
La paroisse, puis commune, de Plougonvelin (Finistère) est issue de la fusion des deux anciennes paroisses de Plougonvelin et de Saint-Mathieu. Avant la Révolution existait un ensemble paroissial avec Le Conquet, devenue depuis une commune autonome. Le centre paroissial en était Lochrist, qui accueillit Dom Michel Le Nobletz de 1639 à 1652.
Mes ancêtres ont habité de façon certaine à Plougonvelin durant 260 ans, de la naissance de Marguerite KERMAÏDIC en 1624 au départ de Jean Marie LE BAILL vers 1884.
Avant cette date, des recherches sont en cours et je ne serais pas surpris de découvrir que, de génération en génération, les divers parcours de mes ascendants couvrent plus de trois siècles d'Histoire de cette localité.
Plougonvelin, la Pointe Saint-Mathieu.
Aquarelle de mon grand-père François LE BAILL [cliquer pour agrandir]
Le dernier ancêtre originaire de Plougonvelin est mon arrière-grand-père Jean Marie LE BAILL, né dans une ferme du bourg le 4 février 1855.
Neuvième d'une fratrie de 12 enfants, Jean Marie avait peu de chances de reprendre l'exploitation de la ferme. Il quitte le domicile très jeune, devient quelques temps jardinier à l'hôtel Beauséjour du Conquet puis se fait engager volontairement dans la "Royale", cette Marine Nationale en plein développement. J'ai évoqué sa carrière dans un article récent (voir).
Il est encore difficile aujourd'hui d'identifier de façon certaine sa ferme natale, mais tout laisse à penser qu'il s'agit de la ferme de Kerés.
Le premier lieudit bien identifié, en remontant le temps, est la ferme natale de son père Robert LE BAILL, Le Minigos, où celui-ci naît le 28 octobre 1816 :
Acte de naissance de Robert LE BAILL, 1816 (Archives Départementales du Finistère).
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Les parents de Robert, Jean Marie LE BAILL et Marie Françoise HALL, sont alors mentionnés "cultivateurs du Minigos".
La transformation du nom de ce lieudit de "Le Minigos" en "Vinigoz" actuel trouve probablement son origine dans une particularité de la langue bretonne qui est de muter, sous certaines conditions, la première lettre d'un mot. La mutation du M en V est une des plus répandues, notamment après un article lorsque le nom est féminin.
Or l'acte de naissance évoque effectivement "Le" Minigos. Le nom de ce lieudit comporte donc un article à l'origine, et correspond au breton "Minigoz / Ar Vinigoz" après mutation du M en V.
Le "z" situé en fin de mot se prononce "s", sauf si le mot est suivi d'une voyelle (je sens que j'en ai perdu quelques uns à cet endroit précis...).
En étant francisé au XXème siècle, le nom a perdu son article mais pas la mutation ! De ce fait, Ar Vinigoz est devenu Vinigoz... Tout le monde suit à peu près ?
Ferme de Vinigoz en Plougonvelin (photo Phase Iroise)
Mon aïeul Robert LE BAILL (Sosa n°24, 5ème génération) et ses 7 frères et sœurs naquirent donc à Vinigoz, ferme que cultivaient leurs parents.
Robert, étant le dernier de la fratrie, ne put reprendre l'exploitation et dût déménager dans une ferme vacante du bourg, où naquit son fils (mon arrière-grand-père) Jean Marie, le futur marin.
Il migra plus tard à la ferme de "Keruris" (acte de décès du 11 juin 1873), bien qu'aucune ferme n'apparaisse aujourd'hui sous ce nom. Il peut s'agir de la ferme de Kerés, située à la sortie du bourg de Plougonvelin, auquel cas la "ferme du bourg" non identifiée où est né mon arrière-grand-père et celle de Kerés pourraient être un seul et même domicile.
Si Jean Marie LE BAILL, le père de Robert, est probablement né à Vinigoz, ferme qu'il tient avec sa femme Marie Françoise HALL entre 1802 et 1816 et certainement au-delà, ses frères et sœurs aînés sont nés à Cohars, dans la paroisse voisine de Ploumoguer d'où leurs parents, Laurent LE BAILL et Marie Jeanne LE GUEREC, sont originaires.
Jean Marie et Marie Françoise ne resteront pas à Vinigoz, puisqu'ils décèdent en 1830 et 1838 à Messouflin, dans la commune de Ploumoguer, la commune natale de leurs parents.
Les branches ascendantes occupent de nombreux lieudits de Plougonvelin selon les époques, hameaux parfois non précisés dans les actes de baptême/naissance ou de sépulture/décès.
La liste chronologique de mes ascendants (pour se limiter à eux) nés ou décédés à Plougonvelin comporte 18 noms :
Localisation des lieudits habités par mes ascendants à Plougonvelin de 1624 à 1884.
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Après plus de 250 années de vie dans la paroisse puis commune de Plougonvelin, mes ascendants quittent la campagne pour la mer et la ville. Jean Marie LE BAILL s'installe avec sa femme Jeanne COATANEA dans la petite ville de Saint-Pierre-Quilbignon, puis à Brest.
Leur fils François LE BAILL, l'auteur de l'aquarelle de la Pointe Saint-Matthieu et de tant d'autres, et sa femme Marie MORLAIS, accompagneront leur fille Marie à Paris dans le quartier Montparnasse pour lui permettre de suivre des études supérieures.
La Marine nationale, le train de Brest à Paris, le développement des études : en moins de 100 ans, la société a, à l'évidence, beaucoup plus évolué qu'en 3 ou 4 siècles.
Pour le meilleur ou pour le pire, à chacun d'être juge de cette mutation économique, sociale et culturelle et de son bilan.
Jean-Marie Renault
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Joelle (mardi, 26 novembre 2024 11:27)
C'est très clair pour moi, recherches impressionnantes ! Bonne fin de challenge !