Maladie infectieuse causée par le bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis), la tuberculose est très contagieuse et présente des signes cliniques variables.
La forme la plus répandue dans les campagnes était la forme pulmonaire, ce qui conduisait mes ancêtres du Mené à qualifier de "poitrinaires" les personnes présentant les symptômes de la maladie.
Les conditions sanitaires défavorables, les logements trop faiblement éclairés en raison d'un impôt stupide sur les portes et fenêtres qui durera jusqu'au début du XXème siècle, la promiscuité, l'ignorance des conditions de sa transmission, l'absence de prophylaxie efficace et de prévention ont maintenu cette maladie très présente dans les campagnes et les villes au XIXème siècle.
Il fallut la découverte du BCG par Calmette et Guérin en 1921, et de vastes campagnes de repérages systématiques pour éradiquer le caractère pandémique de la tuberculose en Europe.
Les victimes familiales de la tuberculose n'ont pas été systématiquement recensées, faute de données suffisantes : il est très rare que les actes paroissiaux ou d'état-civil mentionnent la cause précise du décès, se limitant au mieux à préciser "maladie".
S'agissant d'une maladie particulièrement répandue, on peut penser que mes ancêtres furent très nombreux à en être atteints, mais nous n'en saurons pas plus par la lecture des anciens actes.
C'est donc le témoignage oral qui constitue la seule source de connaissance. Pour ce qui est de la famille Renault, nous connaissons au moins 3 cas avérés entre 1897 et 1910 : une femme et ses deux filles.
Mon arrière-grand-mère Azeline LE BLAIN est née à Ploeuc (actuellement Plœuc-L'Hermitage, Côtes d'Armor). Mariée à Joseph RENAULT, buraliste au Gouray, elle passa l'essentiel de sa vie dans le bourg de cette commune.
Parmi ses nombreux enfants, citons notamment ses deux filles Marie et Olympe et son fils Jean-Baptiste, qui deviendra mon grand-père.
Azeline Le Blain (à gauche, en coiffe du Gouray), auprès de sa fille
Olympe Renault (mariée, au centre), Armand Bertin (marié, à droite).
Photo prise en 1898 au mariage d'Olympe Renault à Saint-Glen
(arch. fam.) [cliquer pour agrandir]
Azeline, pourtant de constitution robuste, "maîtresse femme" qui savait se faire obéir, diront certains, est frappée par la maladie à plusieurs reprises.
En 1909, le doute n'est plus possible et les signes de la maladie trahissent l'atteinte par la tuberculose.
Peu de temps avant son décès le 4 janvier 1910, installée dans son lit-clos alors qu’elle est mourante, Azeline se fait présenter une dernière fois au-dessus d'elle chacun de ses petits-enfants, en agrémentant la séance de ses commentaires personnels sur la ressemblance de chacun avec sa mère, ou sur telle ou telle caractéristique physique.
On imagine aujourd'hui le risque encouru par chacun de ces enfants, dont personne n'avait alors conscience. Cette anecdote authentique, qui m'a été rapportée par son petit-fils Francis BERTIN en 1982, aurait pu être fatale à plusieurs enfants. Elle illustre bien l'ignorance des populations sur la cause et la transmission de cette maladie.
Sa fille Marie RENAULT se marie une première fois à Jean Marie COLLEU, cheminot, dont elle aura un enfant, Emile COLLEU. La famille s'installe à Mantes (aujourd'hui Mantes-la-Jolie). Son mari décède prématurément à l'âge de 28 ans, de cause inconnue.
Marie revient au pays et se remarie à Armand BERTIN, boulanger au Gouray puis à Saint-Glen, dont elle aura un fils.
Frappée par la tuberculose et devenue "poitrinaire" à son tour, elle meurt à son domicile de St-Glen (Côtes-du-Nord) le 10 juin 1897 après deux ans de mariage, à l'âge de 35 ans, alors que son deuxième enfant, Ernest BERTIN, n'a que trois mois.
Marie Renault et son fils Emile Colleu, 1895.
Veuf en 1897 de sa première épouse, Armand BERTIN se remarie l'année suivante à sa propre belle-sœur Olympe RENAULT.
Le couple aura trois enfants, Pierre Bertin, Armand Bertin "fils" et Francis Bertin, qui ont miraculeusement échappé à la maladie lors de leur présentation à leur grand-mère en 1910.
Olympe Renault avant son mariage en 1898
La tuberculose est partout dans les campagnes, et Olympe contracte à son tour la terrible maladie à son domicile, la boulangerie de Saint-Glen. Elle décède à l'âge de 31 ans.
Armand BERTIN reste veuf une nouvelle fois, pour la même raison, en charge de ses quatre enfants qui seront placés auprès de diverses familles.
Il se mariera une troisième fois, et décèdera à Lamballe en 1947.
Jean-Marie Renault
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Camille (samedi, 23 novembre 2024 09:20)
Heureusement dans les années 1960 la Rifampicine est découverte traitement dur et long, mais qui combat ce bacille.
Dur par ses effets néfaste, long parce qu'un an de quadrithérapie
J'en parle en connaissance de cause, non pas pour une tuberculose pulmonaire, mais une forme plus grave encore, la tuberculose péritonéale.
Billet intéressant. Merci
Piste2mesayeuls (samedi, 23 novembre 2024 09:40)
Une terrible maladie qui a touché nombre de nos ancêtres... :(
C'est une chance d'avoir toutes ces belles photos. La coiffe est très originale !
Frédérique (lundi, 25 novembre 2024 13:24)
Terrible maladie quasi éradiquée en Europe, mais qui hélas, revient en force grâce à l'arrêt de la vaccination