Certes, nous ne sommes pas encore le 25 décembre mais nous approchons rapidement de Noël et de la prochaine année. Et puis, la lettre N du jour oriente un peu mes choix.
Noël 1914 et la nouvelle année 1915, c'était il y a presque 110 ans. Cela fait longtemps à l'échelle individuelle, mais c'était avant-hier dans l'histoire de nos ancêtres.
Le mois de novembre et l'esprit de guerre qui se réveille aujourd'hui sur notre planète me conduisent à me retourner sur notre passé : quelle leçon avons-nous tirée des horreurs du XXème siècle ? Visiblement trop peu, mais l'approche généalogique et familiale des évènements de l'Histoire peut nous aider à donner chair à des leçons que nous trouvions distantes et abstraites sur les bancs de l'école.
Mon grand-père paternel Jean Baptiste est parti à la guerre début août 14.
En famille, avec sa femme Augustine et ses deux enfants Marie et Jean, il passait quelques jours de vacances chez des amis à Porspoder (Finistère), lorsque le décret de mobilisation générale l'obligea à rentrer précipitamment chez lui puis à rejoindre son cantonnement. Direction : la Champagne, où l'ennemi arrivait rapidement et en nombre.
Les vacances étaient finies, les adieux étaient abrégés, et Jean Baptiste partait en guerre inquiet et le cœur gros.
Jean Baptiste RENAULT sur le front de Champagne (1915)
Comment partager l'esprit de Noël avec sa famille, quand on est soi-même mobilisé au front et engagé dans un conflit bientôt mondial, dont les enjeux vous échappent ?
Sur une carte postale, un simple mot à son fils Jean... Il ne sera pas dit que cette sale guerre empêchera les signes de fête et d'affection entre les familles et les pères, dans l'attente d'un prochain retour à la maison.
Le 15 décembre 1914,
Mon cher petit Jean,
Je retourne ce soir au front. Avant de partir, je t'embrasse bien fort, et souhaite que tu sois content de la visite du père Noël.
Ton papa qui t'aime,
Jean Baptiste Renault
Sergent au 361ème
Jean a 6 ans. On imagine son bonheur de recevoir chez lui à Trémeur (Côtes-du-Nord) une carte de son père qu'il n'a plus vu depuis 5 mois.
Ce dernier n'a peut-être pas eu beaucoup de possibilités dans le choix de sa carte postale. Le recto montre la réalité de l'esprit de guerre qui domine alors, associant sans distinction joie, bonheur, armement, victoire sur l'ennemi...
Oui bien sûr, on se prépare aussi à faire la fête et à fêter la victoire !
"Bonne année 1915" [cliquer pour agrandir]
Ainsi s'achève l'année 1914. Dans le froid, sous les sifflements stridents des obus et le vacarme de leurs explosions pour Jean Baptiste, dans le calme du logement de la petite école de Trémeur pour son fils Jean.
Et pour tous, l'inquiétude et la peur. Heureusement, chacun est convaincu que cette sale guerre ne durera plus que quelques semaines.
Cela résonne tellement dans notre actualité mondiale...
Jean-Marie Renault
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Joelle (samedi, 16 novembre 2024 09:09)
Terrible de se dire que nous sommes à nouveau dirigés par des guerriers à l'abri derrière leur bureau...
Frédérique (mardi, 19 novembre 2024 13:21)
Et les Hommes n'ont toujours rien compris...